Depuis que les équipes d’agents relevant des communes ne sévissent plus, la pollution sonore a repris de plus belle et en toute impunité.
Dès que l’été s’installe dans nos murs, surgit l’éternel stress du sommeil avec, à la pointe du combat, l’insupportable intrus appelé «insomnie». Non, ce n’est pas parce que le Tunisien ne veut pas dormir, ou n’aime pas se reposer, mais tout simplement parce qu’il y a des nuisances parasitaires qui, forcément, l’en empêchent. Bien évidemment, le problème ne se pose ni pour ceux qui possèdent chez eux un climatiseur (voire plus), ni à plus forte raison pour ceux qui sont épris d’évasions au large à bord de leurs yachts. Ce dont nous voudrions parler, c’est plutôt de ces 90 pour cent de Tunisiens qui ne jouissent pas de ces deux «luxes». Cette catégorie sociale est justement la plus durement touchée et malmenée à chaque saison estivale que Dieu fait. En effet, outre les tracas de la vie quotidienne, l’envolée endiablée des prix et des factures, la chaleur torride et l’impossibilité de s’offrir des vacances hors de chez soi, le citoyen lambda a aussi à subir un autre calvaire non moins pénible, à savoir la pollution sonore. Un «malheur» de plus pour lequel il faut des nerfs d’acier doublés d’une extraordinaire patience.
Défense de dormir
Le «ballet des vampires», qui s’ébranle tôt chaque matin, démarre avec le son strident des tronçonneuses, des marteaux et des perceuses émanant des chantiers ouverts un peu partout dans les cités (y compris celles dites huppées) dans le cadre de travaux de rénovation et de construction. Bye bye grasse matinée ! Le concert assourdissant se poursuivra même pendant la sieste de l’après-midi.
Là aussi, pas d’empêcheur de danser en rond. Le soir, c’est l’apothéose avec de nouveaux «chantiers» sous l’impulsion d’habitants rivalisant de décibels ; fêtes et noces familiales obligent. Le calme tant rêvé ne se rétablit jamais avant minuit et la «nouba» se poursuit parfois jusqu’à deux heures du matin. Là aussi, les victimes n’ont que… Dieu pour refuge ! Vous savez pourquoi ? Eh bien, parce que la pollution sonore est, chez nous, carrément invincible.
Si intouchable que tous ceux auprès desquels vous sollicitez des secours ne réagissent pas et ne réagiront jamais. Aux commissariats de police, l’on vous rétorque que «nous avons d’autres chats à fouetter «(comprenez la lutte multiforme contre la criminalité et le terrorisme).
Et lorsque l’on se rabat, par désespoir, sur la municipalité, une seule réponse: silence radio.
Que faire alors ? Où sont passées l’autorité de l’Etat et l’application de la loi ? Psychose. Au point où l’on se demande, avec autant d’étonnement que d’inquiétude, pourquoi la plupart de nos mairies ne recourent plus à leur fameuse «brigade anti-bruit»? Pourquoi ne la réactive-t-on pas?
Et dire que cette brigade avait largement donné la preuve de son efficacité depuis sa création dans les années 90. A l’époque, en effet, elle ratissait large, portant des coups durs aux pollueurs sonores, mettant sous l’éteignoir tant de veillées chantantes et dansantes qui se prolongeaient allègrement au-delà de minuit.
Aujourd’hui, face à l’absence inexplicable de ces brigades, devra-t-on se résigner à passer un autre été sans… sommeil ?